Tuesday 5 October 2010

Les Voiles de Saint-Tropez: It happens like that... at Saint Tropez



* Applause for an exceptional edition
* Feverish Classics
* Ran nails it down
* Indio makes a first in the Wallys

* Clap de fin sur une édition exceptionnelle
* Des Classiques fébriles
* Ran enfonce le clou
* Indio pour une première chez les Wally



RAN. Image copyright Gilles Martin-Raget/www.martin-raget.com

by Maguelonne Turcat

Nouvelle journée de régate aujourd'hui et clap de fin sur le plan d'eau des 12ème Voiles de Saint-Tropez. Et un scénario final somme toute parfaitement en phase avec l'ambiance de cette semaine magique, marquée du sceau du sport, de la mer, de la bonne humeur, et de l'émerveillement permanent autour des plus beaux yachts du monde, fussent-ils Classiques ou Modernes. Les Modernes, précisément, étaient les premiers à 11 heures sonnantes à lancer les débats par une journée ventée à souhait, 12 noeuds de secteur sud est en fond de golfe, et jusqu'à 15 noeuds au large des Salins, d'où s’égayaient au rythme de leurs groupes IRC respectifs 170 voiliers.

Une heure plus tard, bien alignés en face de la tour du Portalet, les petits voiliers auriques et bermudiens ouvraient la ligne d'un parcours de 20 milles nautiques vers Saint Raphaël spécifiquement concocté par Georges Korehl et sa direction de course à l'intention de magnifiques yachts classiques. Le soleil omniprésent cette semaine n'a pas fait défaut, attirant un nombre considérable de bateaux spectateurs, que les 3 500 marins s'évertuaient à satisfaire en tirant le meilleur parti de leur monture. En un peu plus de trois heures, les parcours étaient bouclés, et la lente et belle procession de la rentrée au port pouvait commencer, véritable revue d'effectifs finale avant une dernière fête à terre et la remise des prix demain matin dimanche à la Citadelle de Saint-Tropez.

Les Classiques trépignent!

Quelle impatience chez les beaux yachts classiques! Chaque départ lancé avec minutie par le Normand Marc Renout aura donné lieu à plusieurs rappels individuels, dont 5 pour le seul groupe des grands marconis. Parmi les plus pressés « pris par la patrouille », Rowdy l'impérial, le joli plan Herreshoff qui survole cette 12ème édition des Voiles, en lice pour le trophée Rolex, et qui se voyait contraint de repartir en queue de peloton. L'impatience prenait une tournure plus sérieuse lorsqu’un équipier de Lucia se voyait précipiter à l'eau, immédiatement récupéré par l'un des nombreux semi-rigides de la sécurité, ou lorsque Oiseau de feu, le plan Nicholson, abordé par un autre concurrent se voyait contraint de rentrer au port. Tout cela se réglait à la Tropézienne, à quai et au champagne. Le vent bien établi favorisait la puissance, et les "lourdes" goélettes Elena et Thendara ne tardaient pas à occuper les avant-postes, tandis que tout à leur fraternelle rivalité, les deux 15 mètres signées William Fife, Tuiga (1909) et Mariska (1908) partait en match race vers les Canebiers.

Les Modernes sans mistoufle

5 jours de course, si l'on omet la journée très spéciale de jeudi consacrée aux Défis, et autant de régates dûment validées par le jury. Le soleil, la chaleur estivale étaient cette année accompagnés sur l'eau d'un vent certes parfois irrégulier en direction, de quoi "amuser" navigateurs et tacticiens, mais suffisamment constant en force pour donner une vraie légitimité aux lauréats de cette semaine tropézienne. Ce dernier jour se distinguait probablement par la belle constance d’Eole, calé au sud sud est pour 12 à 15 noeuds, et qui apportait aux maxis et supers yachts ainsi qu'aux rapides racer-cruisers ample matière pour s'exprimer. Les 25,5 milles du parcours vers la Nioulargue et cap Camarat étaient ainsi avalés à grande vitesse, et c'est dans un superbe déploiement de spis, spis asymétriques et grands gennakers que toute cette flotte venait défiler majestueusement devant les digues noires de monde de la Cité du Bailli. Comme ce fut le cas chaque jour de la semaine, le maxi Leopard 3 de Mike Slade, insensible à son rating si pénalisant en temps compensé, n'a laissé à personne le soin d'ouvrir la marche. Il devait néanmoins composer avec Highland Fling, le Farr 80 monégasque très inspiré cette semaine, et Ran, le 72 pieds Judel-Vrolijk de Niklas Zenstrom qui, en terminant en trombe sa semaine tropézienne, vient enlever le classement général en temps compensé à la sous barbe du Mini Maxi Jethou de Sir Peter Ogden. On aura observé sur ce parcours au long final aux allures portatives, l'excellent comportement des grands ketchs Mari-Cha et Sojana.

Grosse bagarre chez les Wally

Parcours au dessin très varié pour les Wally qui se voyaient proposer toutes les allures au large de la Nioulargue. Si Esense, dans un vent soutenu a poursuivi son cavalier seul en tête de flotte, les trois grands animateurs de la semaine, Indio, Y3K et Magic Carpet se sont livrés sans retenue, le podium final dépendant pour bonne part des résultats du jour. Indio a fait mieux qu'assurer en s'imposant devant ses principaux adversaires au général en temps compensé. Il laisse J One, Magic Carpet et Y3K dans son sillage.

Trophée Rolex ; Un nouveau lauréat

Rowdy et Ikra étaient ce matin au coude à coude à l’issue des trois journées de course. Autant dire l’importance des enjeux de la régate du jour. Est-ce cette pression qui poussait Rowdy à la faute ? En volant le départ, le plan Herreshoff amputait ses chances de succès. Il terminait deuxième de la course du jour, et laissait ainsi le champs libre à Ikra pour lui succéder à ce prestigieux palmarès.

Prix "série limitée" du yacht Classique de l'année ; les « nominés » sont :
3 yachts classiques en lice pour le Prix "Série limitée" du Yacht de tradition 2010. Décerné pour la deuxième année consécutive, ce prix récompense un voilier qui met à l'honneur les valeurs de la belle plaisance, qualité du bateau, éthique, accueil.... Le bateau vainqueur est élu par un jury national à l'issue d'une sélection réalisée à l'occasion de régates et de rassemblements organisés en Atlantique et en Méditerranée. Ce jury a choisi aujourd'hui 9 « nominés », représentant trois catégories, inférieure à 15 mètres, de 15 à 23 mètres, et supérieure à 23 mètres. C'est Bonafide qui avait été nommé catégorie moins de 15 mètres, Cambria pour les plus de 23 mètres, et Avel pour les 15 à 23 mètres.

« Blue Bird, Seven decades at sea »

Kos, célèbre photographe de mer Britannique, présentait à Saint-Tropez son dernier ouvrage, "Bluebird, seven decades at sea". Un somptueux recueil de textes signés Tom Cunliffeet de photographie réalisées par Kos elle-même, relatant l'histoire et la restauration du splendide motoryacht Blue Bird, de sa naissance entre les deux guerres par la volonté de Sir Malcolm Campbell, aux terribles années de guerre durant laquelle Blue Bird a pris toute sa part, jusqu'aux années souriantes de ce dernières décennies en Méditerranée. Bluebird est sagement amarré quai de l'épi à Saint-Tropez.

Pour l'anecdote, BlueBird a participé en juin 40 à l'évacuation du Corps Expéditionnaire Britannique à Dunkerque.

Emilia et Lamborghini

Le voilier Emilia (1930), voulu par l'ancien patron de Fiat Giovanni Agnelli, est "100% Made in Italy": le bateaux est de Gene (Genova), équipage de Alassio, vêtements de Giorgio Armani... Et aussi le vip a bord est italien, le directeur de la communication monde de Automobili Lamborghini, Raffaello Porro. Shuttle d'exception, le dernier modèle du constructeur automobile, la Lamborghini Gallardo LP 570-4 Superleggera blanche (clin d’œil au bateau) était aujourd'hui présentée apres la régate près du voilier pour une photo souvenir avec l'équipage et l'armateur Marco Gastaldi.

L'histoire d’Emilia commence en 1929, quand les Chantiers Costaguta de Gênes-Voltri commencent la construction d'un 12 Mètres Jauge Internationale, le second en Italie, d'après les plans de l'américain Lewis Francis Herreshoff, fils de Nat, le sorcier de Bristol. Emilia sera le second "12 mètres" Herreshoff construit en Italie après la Spina. La Classe des 12 m R a été créée en 1906, incluant les voiliers de la Coupe de l'America de 1958 à 1987.Les voiliers ne mesurent pas 12 mètres, mais sont la résultante d'une subtile équation, L+2d-F+√S)/2.37.Mis à l'eau le 16 septembre 1930, ce splendide et rapide schooner participera pendant 10 ans à des régates-croisières en Méditerranée, très en vogue à l'époque. Emilia est le bateau le plus ancien de la flotte du Yacht Club Italien.

Ils ont dit :

Catherine Chabaud (Amadour)

"Je ne suis pas une grande habituée des Voiles de Saint-Tropez, mais je trouve chaque année l'ambiance de plus en plus festive, ce qui n'enlève rien aux qualités des régates. J'observe les voiliers Classiques comme les Modernes, et je trouve le niveau très bon, et l'engagement des équipages très sérieux. Quand au spectacle de toutes ces voiles mêlées dans le golfe, il est tout simplement somptueux..."

Mickael Creac'h (Moonbeam IV)
Une belle semaine, fatigante car venant après une difficile régate Cannoise (Moonbeam IV y a été percuté par un autre concurrent...ndlr). Mais avec de bons résultats sur l'eau puisque nous sommes en tête, et de belles navigations, et la belle ambiance de Saint-Tropez... tout l'équipage est ravi. Mes inquiétudes vont au chapitre de la sécurité. je reconnais les efforts considérables faits par l'organisation des Voiles à ce sujet, mais il y a encore lors des phases de départ trop de gens sur le plan d'eau qui ne devraient pas y être. Je déplore aussi l'agressivité de certains concurrents qui naviguent ici comme si leur vie en dépendait !"

Dimitri Deruelle (Kuujjuaq -PMSIPilot)
« Une très belle semaine, avec du vent chaque jour ! nous montons sur le podium au terme d ‘une superbe dernière journée, et c’est une belle satisfaction pour le propriétaire Ludovic de Saint Jean, comme pour l’équipage. Nous allons clore la saison avec le trophée Sémac chez nous à Marseille, où nous courrons pour briller... »

Bernard d’Alessandri, Secrétaire Général du YCM et initiateur de « La Belle Classe », à propos de Ed Kastelein, un véritable passionné qui n’a de cesse de diriger des projets de restauration ( pas moins de 18 ! ), afin de faire revivre à l’identique des yachts de légende, tels que Thendara, Aile Blanche ou encore Zaca a te Moana, inspirée du célèbre Zaca (1929) d’Errol Flynn.

Après avoir fait renaître en 2001 Westward (1910), en construisant Eleonora, sa copie conforme, Ed Kastelein, s’est attaqué à un nouveau défi : celui de faire revivre Atlantic (1903), la goélette légendaire, détentrice pendant soixante-quinze ans du record de traversée de l’Atlantique, sous le commandement de Charlie Barr : « Je me réjouis de constater aujourd’hui la prise de conscience de certains armateurs, leaders d’opinion et autres professionnels qui adhérent aux idées de « La Belle Classe » et se réunissent afin de faire évoluer ensemble le Yachting en vue de favoriser et d’intensifier la sauvegarde du milieu maritime. Tel est le pari de « La Belle Classe », pour que la mer soit respectée, tout en demeurant un terrain de jeu et de loisirs où l’esprit du yachting rime avec courtoisie et élégance. »

Des yachts extraordinaires :

Artemis, TP 52

Le Transpac 52 Artemis de David Hutchinson brille à Saint –Tropez ;
Le premier Transpac 52 est sorti en 2001, avec à l’origine, un programme essentiellement tourné vers la course au large. Aujourd’hui, on compte une cinquantaine de bateaux à travers le monde. 39 d’entre eux ont été conçus et construits spécialement pour le circuit MedCup (depuis 2005).

Ces monocoques de 15,85 mètres tout en carbone répondent à une jauge stricte permettant à différents architectes de s’exprimer sur la planche à dessin. En 2008, trois cabinets occupent le marché : une majorité de bateaux a été pensée par le tandem Judel/Vrolijk, viennent ensuite les plans Reichel/Pugh, puis une poignée de Bottin Clarkeek. On trouve encore un plan Farr et un Luca Brenta parmi les inscrits de l’AudiMedCup. Les TP 52 sont légers, simples et high tech à la fois, dotés d’un plan de pont épuré et d’un large cockpit très dégagé. Leur dépouillement apparent est plutôt trompeur. Ces bateaux sont construits par les meilleurs chantiers du monde, préparés et mis au point par des équipes techniques très expérimentées, dont de nombreuses sont issues de l’America’s Cup.

Monument historique!

Oiseau de feu, l'élégant cotre marconi qui fait les beaux jours des Voiles de Saint Tropez, a été classé en 1962 "monument historique". Un peu d'histoire : dans les années 30 Ralph Hawkes, commodore du RORC (Royal Ocean Racing Club), demande a Charles E. Nicholson de lui dessiner un voilier plus léger et rapide que ces prédécesseurs afin de gagner les régates hauturières comme le Fastnet. En 1937 sort du chantier Camper&Nicholson, Firebird X, dont les lignes racées rappellent l’élégance des 12M JI mais affichant une construction plus robuste adaptée à toutes les conditions de mer et de vent et suffisamment confortable pour partir en croisière. Jusqu’en 1939, le cotre participe avec succès a bon nombre de courses du RORC : Fastnet, semaine de Cowes, Channel race, Cowes-Dinard…Après 5 années d’escale involontaire et forcée, il devient la propriété de Hugh M. Crankshaw qui le transforme en yawl et le prive de son bout-dehors et de sa queue de malet mais continue à le faire figurer en hauts des classements, avant de passer le flambeau à J.E green qui lui apportera sans doute les plus belles lignes de son palmarès.En 1962, il est racheté par Pierre Cointreau. De 1970 à 1973, il est la propriété du député de Loire-Atlantique et ancien ministre Henri Rey qui le rebaptise Vindilis II et l’emmène en méditerranée pour un programme majoritairement de croisière. Après un remise en état au chantier Pichavant, Michel Perroud l’acquiert en 1973 et lui redonne son nom d’origine, quoique un peu francisé : Oiseau de feu. L’architecte naval Guy Ribadeau-Dumas lui dessine un nouveau gréement plus élancé, les espars en Spruce étant remplacés par du pin d’Oregon. Dès lors, Oiseau de feu porte 250m2 de toile au prés et 550 au portant. Le 6 Novembre 1992, Oiseau de Feu accède au titre de MONUMENT HISTORIQUE français!

Le saviez-vous ?
La Cape Horn Race au départ de Saint-Tropez


La Cape Horn Race est la seule course à faire le tour de l’île du Cap Horn. Saint-Tropez est la ville de départ et d’arrivée. Cette course composée de 6 étapes pour 6 mois de passion et d’émotion. L’événement suit la saison estivale des régates entre octobre 2013 et avril 2014. Une manifestation sportive à la voile constituée d’un challenge original à handicap IRC. Les objectifs de la Cape Horn Race tiennent à promouvoir, à organiser et à développer un défi à haut niveau sportif, inédit, international et à un prix accessible. Ouvert aussi bien aux professionnels, aux propriétaires et aux jeunes...

L’épreuve sera ouverte à tous les voiliers monocoques compris entre 47 et 75 pieds (14,3 mètres et 23 mètres) : la course à handicap IRC permet de mettre tous les équipages sur le même pied d’égalité en voiliers de série, de course ou de charter. Pendant les 15,000 miles nautiques de course au large, la flotte sera suivie par un système satellite. Sous le handicap IRC, l’équipe avec le temps compensé le plus rapide, gagne. Avec le concours de la Société nautique de Saint-Tropez.

Les Voiles de Saint-Tropez