Thursday 14 October 2010

WOW Cap Istanbul: Jeanne Grégoire 6th Overall


Banque Populaire (Jeanne Grégoire). Image copyright B. Stichelbaut/BPCE.

by Virginie Bouchet

Qui l’aurait imaginé ? On savait que la plus courte des étapes, serait loin d’être la plus facile mais les prévisions météo n’envisageaient pas de tels écarts ! Après un incroyable 4ème acte à Bozcaada, cette cinquième et dernière étape de La Wow Cap Istanbul a livré le pire des scenarii pour Jeanne Grégoire : pétole, vent instable en direction, pluie et trafic intense en mer de Marmara. Le skipper de Banque Populaire qui a franchi la ligne à 20h24, termine à la 23ème place à un peu plus de 4 heures du vainqueur François Gabart. Un écart en temps qui bouscule le classement général : Jeanne passe finalement de la 4ème à la 6ème place.

Elle avait littéralement tout donné entre Didim et Bozcaada, s’offrant ainsi une 2ème place méritée sur cette étape. Elle s'apprêtait à terminer en beauté l’épreuve et la saison Figaro Bénéteau. Les éléments en auront voulu autrement. Dure loi de la voile, faute à pas de chance ? « Mentalement, je savais que j’étais capable de finir sur une bonne note ! Et physiquement, ça allait, nous nous sommes bien reposés à Bozcaada. Mine de rien, un podium, ça vous rebooste une navigatrice ! J’étais prête à attaquer et à finir en beauté. C’est dommage mais pour quelqu’un qui n’a vraiment pas pris la bonne route, cela ne change pas tellement de chose au général, je passe de la 4ème à la 6ème place. Je me dis que moi qui disais ne pas être capable de naviguer en Méditerranée, je commence à m’affûter un peu ! Je n’ai pas toujours tout compris à la météo mais j’ai fait de réels progrès, je suis contente de ma course », explique Jeanne après avoir franchi la ligne d’arrivée.

Entrée en scène timide après les Dardanelles

Avant de prendre le départ mardi de la dernière étape, la flotte de La Wow Cap Istanbul a rejoint en convoyage Gallipoli. Drôle de convoi dans ce détroit chargé d’histoire, drôle de journée aussi… puisque c’est sous la pluie dans un décor digne d’un mois de novembre en Bretagne que les concurrents se sont élancés en début d’après-midi dans une dizaine de nœuds de vent. Décidemment, cette course aura, au fil des jours, livré son lot de surprises. « Je n’ai pas pris un très bon départ, cela aurait dû me mettre la puce à l’oreille car jusque là ça a toujours été le « bon » point de mes étapes ! Je suis partie tricoter trop bas, j’ai perdu des places et j’ai eu l’impression de revenir sur le paquet de tête, mais en fait ce n’était pas du tout le bon paquet ! C’est le même scénario qu’il y a deux ans : je savais que ça passait à la côte et bien non, je n'ai pas réussi à être sage et je me suis laissée embarquer ! »

Nuit terrible en mer de Marmara

Après une première bataille de virements de bord, les concurrents auront eu un peu de répit, sur un seul bord en début de soirée avant d’attaquer la phase qui s’avérera la plus délicate de la partie : la nuit ! Très vite deux options se dessinent : si la majorité des coureurs tirent des bords sur la route quasi directe, un petit groupe se détache à terre bénéficiant d’effets de côte favorable. C’est là que se joue l’étape, c’est là que se joue la course ! Dès le milieu de la nuit et jusque dans la matinée de ce mercredi, plus au large, le vent tombe et les concurrents jusque là épargnés par la pétole progressent à des moyennes quasi nulles. L’enchaînement sans fin des virements de bords continue, des heures éprouvantes pour le skipper de Banque Populaire qui voit petit à petit ses camarades de jeu s’éloigner et les chances de monter sur le podium du classement général avec… « C’était dingue ! Il n’y avait pas d’air du tout…je ne pouvais rien faire avec le bateau, ça faseyait, ça reculait, je tirais des bords pour rien et pourtant je n’ai pas « angoissé ». Certains concurrents étaient paniqués et moi je leur disais « mais non ça sert à rien, ça ne va pas passer à la côte » eh bien, on a vu ce que cela a donné... »

Derniers milles dans le petit temps

A la mi-journée, un léger flux d’Est/Nord-Est est revenu sur le plan d’eau permettant ainsi à Jeanne Grégoire de retrouver des vitesses plus honorables. Malgré la fatigue accumulée tout au long de la saison, la dame n’est pas du genre à lâcher et jusqu’au bout elle aura essayé de grappiller quelques milles sur ses concurrents directs, revenant ainsi de la 25ème à la 23ème place. « Sur la fin ce n’était pas facile, il fallait avoir les idées claires. On zigzaguait entre les cargos avec 17 nœuds de vent, il fallait être hyper vigilant et les deux derniers milles entre la dernière bouée et la ligne d’arrivée. Le vent est tombé à 2 nœuds avec 4 nœuds de courant. Là je me suis arrachée car il ne fallait pas tout gâcher au général. Je limite la casse finalement ! Je suis fatiguée mais contente… maintenant un peu de repos au programme ! »

Il y a toujours du positif ! Cette 5ème étape est décevante, le skipper de Banque Populaire ne le cachera pas, mais il faut retenir d'elle son incroyable parcours : 9ème de la 1ère étape Hyères-Ragusa, 4ème entre Ragusa et Athènes, 8ème sur la 3ème étape Athènes-Didim, et 2ème entre Didim et Bozcaada (son premier podium en solitaire). Beaucoup d’émotion, bien sûr et surtout des progrès incontestables à l’image de ses départs qui lui ont toujours permis d'être dans le paquet de tête au bon moment. Une vraie évolution après un an d’absence sur le circuit qui laisse envisager encore de très belles histoires nautiques, dès l’année prochaine.

La Wow Cap Istanbul de Jeanne Grégoire :

Un mot sur le podium au général : « Et bien, incroyable Erwan Tabarly qui est toujours là au bon moment ! Quant aux petits jeunes François Gabart et Fabien Delahaye, ils ont été aux avant-postes toute la course voire une bonne partie de la saison, c’est donc amplement mérité ! Bravo à eux. »

Ce que tu retiendras de ta course : « Mon podium sur une étape de baston ! Un vrai beau moment dans ma vie de « Solitaire » et surtout beaucoup d’émotion que j’avais envie de partager avec tous ceux qui tournent autour du projet. Et que finalement je me débrouille en Méditerranée ! »

Si c’était à refaire : « Facile ! La dernière étape... Pourtant on le savait que ça passait à terre ! On, enfin, JE suis incorrigible ! »

L’escale à terre qui t’a le plus marquée : « Je dirais Athènes, depuis le début c’est l’escale que j’attendais. J’étais pressée d’y revenir et on s’est bien baladé. C’est vraiment une très belle ville... et arriver là-bas, c’est juste magique ! »

Classement de l'étape

1 - François Gabart (Skipper Macif 2010) à 16h 22min 37s (HF)
2 - Isabelle Joschke (Synergie) à 16h38min 40s (HF)
3 - Louis-Maurice Tannyères (ST Ericsson) à 17h 09min 10s (HF)
4 - Eric Péron (Skipper Macif 2009) à 17h 16min 20 s (HF)
5 - Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) à 17h25min 10s (HF)
6 - Erwan Tabarly (Nacarat) à 17h33min 13s (HF)
7 - Jonny Malbon (Artemis) à 18h 06min 00s (HF)
8 - Marc Emig (Marcemigetmoi.com) à 16h17min 48s (HF)
9 - Fabien Delahaye (Port de Caen Oustreham) à 18h 46min 58s (HF)
10 - Romain Attanasio (Savéol) à 18h 56min 55s (HF)
...
23 - Jeanne Grégoire (Banque Populaire) à 20h 24min 33s (HF)

Classement général de la course

1 - Skipper Macif 2010 François Gabart
2 - Nacarat Erwan Tabarly - 01h 47min 44s
3 - Port de Caen Ouistreham Fabien Delahaye - 02h 02min 28s
4 - Cercle Vert Gildas Morvan - 02h 55min 00s
5 - Generali Nicolas Lunven - 04h 02min 59s
6 - Banque Populaire Jeanne Grégoire - 04h 10min 57s
7 - Savéol Romain Attanasio - 04h 33min 37s
8 - Vendée 1 Frédéric Rivet - 05h 34min 26s
9 - Macif Eric Péron - 05h 50min 19s
10 - Lufthansa Ronan Treussart - 06h 06min 46s

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