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par Fanny Evenat
De Saint-Quay-Portrieux à Vannes, en passant par tous les écueils que recèle un tour de la Bretagne, les quinze équipages du Tour de France à la Voile viennent de vivre l'une des étapes clés de l'édition 2011. Avec un scénario sans cesse relancé, des difficultés toujours renouvelées, Nicolas Troussel et ses équipiers ont fait une belle démonstration de leur talent et de la maîtrise de leurs eaux. Troisièmes dans le Morbihan, les marins de Bretagne - Crédit Mutuel Elite réalisent une belle opération en se hissant sur la deuxième marche du podium, à onze points de Courrier Dunkerque et trois points devant Sud de France. Une situation qui leur donne le sourire alors que la mi-course est à présent dans leur sillage.
Cinquièmes en terres costarmoricaines en début de semaine, Nicolas Troussel et ses acolytes abordaient le volet 100% breton du parcours du Tour de France à la Voile 2011 avec l'envie de se montrer en redoutables concurrents dans leurs eaux. Au départ de Saint-Quay-Portrieux mercredi dernier, ils savaient que devant leur étrave une navigation longue, musclée, humide et essentiellement au près s'annonçait. Une vraie partition bretonne propre à aiguiser leur inspiration. Dans le paquet de tête dès la bouée de dégagement, c'est sous petit spi que Bretagne - Crédit Mutuel Elite mettait le cap sur Bréhat, allant chercher son salut à la côte.
"C'était la bonne option, même si on n'a pas pu l'exploiter comme on aurait voulu à cause de dévents", rapportait Thomas Rouxel à l'arrivée ce vendredi. "Derrière il a fallu aller jouer dans les cailloux avec le courant et ça on l'a plutôt bien fait. Du coup on est passé en tête un peu après Bréhat. Au passage des sept îles, un gros grain passe et vient perturber le vent. On repasse troisième avant de revenir en tête peu de temps après". Mais la navigation sous spi se révélait de courte durée pour les équipages qui se retrouvaient assez vite au près, dans des conditions très humides et un vent soutenu. "C'était un vrai parcours "banane", du près, du près, du près et un peu de reaching. Le comité a bien mouillé la bouée dans l'axe. C'était parfait!", plaisantait Gilles Favennec au moment de mettre le pied à terre.
Gérer la fatigue
Les rivages des Côtes d'Armor dans leur sillage, c'est en leader d'une flotte disputée et confrontée aux premières avaries, sans gravité, que Nicolas Troussel s'engageait dans le contournement de la pointe Bretagne, creusant l'écart jusqu'à Portsall et enchaînant les séquences de belles manière. "Malheureusement, on rate une manœuvre de changement de foc à Portsall, du coup on perd toute l'avance qu'on avait et on se retrouve côte à côte avec BAE Systems", confessait encore Thomas Rouxel. Au près sur un bord, le chenal du Four et le raz de Sein se présentaient alors en arbitres d'un combat qui devait durer jusqu'à l'arrivée. A mi-parcours et avec déjà pour certains presque deux semaines de régates intenses dans les bottes, la gestion de la fatigue devenait un facteur essentiel à la réussite. A bord de Bretagne- Crédit Mutuel Elite, les quarts de sommeil s'organisaient afin de garder la fraîcheur nécessaire à une conclusion qui devait s'entourer d'un certain sens de l'opportunisme.
Une navigation bien menée
C'est avec le courant contraire que s'engageait le passage au raz de Sein, ce dernier favorisant les premiers et permettant notamment aux Bretons de faire le trou et de se défaire de leurs poursuivants directs. Au reaching, sous spi, pour gagner la ligne d'arrivée, Nicolas Troussel et ses équipiers jetaient leurs dernières forces dans les ultimes petits coups à jouer. Rapide, ils parvenaient à revenir au contact avec BAE Systems et Courier Dunkerque.
"C'est plutôt positif. Nous avons fait une bonne étape. Nous laissons Sud de France derrière, ce qui nous permet de prendre la deuxième place au classement général, même si on perd encore un peu sur Courier Dunkerque. On a plutôt bien navigué, même si on a fait quelques petites erreurs. On a quand même fait des bons coups, on a été en tête longtemps" concluait le skipper du Figaro Bénéteau Bretagne - Crédit Mutuel Performance pour qui le Tour s'achève sur cette deuxième étape bretonne. L'occasion pour lui de dresser un premier bilan de cette expérience avant de renouer avec la préparation de sa prochaine participation à la Solitaire du Figaro : "Etre entouré d'un équipage comme celui-là est quelque chose de très intéressant. J'ai vraiment apprécié de naviguer avec des régatiers comme Dimitri Deruelle, Christian Ponthieu ou encore Gilles Favennec qui ne sont pas des gens que j'ai l'habitude de côtoyer sur le circuit Figaro Bénéteau. Ils ont beaucoup de choses à nous apporter. Je suis aussi content d'avoir pu réviser mes gammes en passant sur les sites que nous allons fréquenter dans quelques jours avec la Solitaire. C'était bien de se caler là-dessus".
A l'arrivée à Vannes, c'est donc une troisième position qu'empochent Nicolas Troussel et ses hommes. Une belle prestation ce cette manche de coefficient 3 qui leur permet de remonter au classement général provisoire et de s'installer sur la deuxième marche, entre Courier Dunkerque et Sud de France. C'est dimanche au petit matin que la flotte reprendra la large en direction de Pornic, mais d'ici là, place aux festivités pour les Bretons. Ainsi, le M34 Bretagne - Crédit Mutuel Elite sera-t-il baptisé demain dans le port morbihannais, en présence de Jean-Yves Le Drian, président de la Région Bretagne et Jean-Pierre Denis, président du Crédit Mutuel Arkéa et du Crédit Mutuel de Bretagne. Rendez-vous à 15h30 sur le village pour fêter les marins et leur monture.
Engagés depuis plusieurs années dans la voile, la Région Bretagne et le Crédit Mutuel de Bretagne ont choisi d'unir leurs efforts pour bâtir, avec le concours du Pôle Finistère Course au large, un programme original de détection, formation et accompagnement de l'excellence dans la course au large. La filière Bretagne - Crédit Mutuel intègre trois composantes : Espoir et Performance en solitaire sur Figaro Bénéteau 2, Elite en équipage sur M34.
Bretagne - Crédit Mutuel Elite
Tour de France à la Voile
