Erwan Tabarly wins the Transat Bretagne-Martinique 2013. Image copyright Alexis Courcoux.
par Géraldine Bonneau
Après 20 jours de course, 4 455 milles parcourus à la vitesse
moyenne de 6,95 noeuds, Erwan Tabarly (Armor Lux - Comptoir de la Mer) a
franchi en vainqueur (avant jury) la ligne d'arrivée à Fort-de-France à 12 h 48
mn 55 s (heure de Paris), soit 06 h 48 mn 55 s (heure locale). Depuis onze ans
sur le circuit Figaro Bénéteau, champion de la régularité, toujours placé dans
le peloton de tête mais jamais sur la plus haute marche du podium, il attendait
sa première grande victoire à la barre d'un monotype, sa première victoire sur
une transatlantique en solitaire à armes égales.
A bientôt
39 ans, fort d'un brillant palmarès de coureur au large le plus souvent aux
avant-postes, Erwan Tabarly (2e de la Med Race 2012, quatre fois
vice-champion de France Elite de course au large en solitaire, dont lors des
deux dernières saisons, et déjà 2e de la Transat Bretagne-Martinique en 2009...
quatre minutes derrière Gildas Morvan ! ) se disait au départ de Brest que
cette fois-ci serait la bonne. Il partait pour la gagne, un point c'est tout.
Sa victoire dans la Transat Bretagne-Martinique est sans aucun doute celle de
l'expérience et de la maturité. L'expérience de milliers de milles parcourus
sur un bateau qu'il connaît par cœur, la maîtrise parfaite du rythme à tenir
sur longue distance, l'anticipation des manœuvres dans la baston, la gestion du
matériel pour éviter la casse.
Partisan de l'option Est, dictée par la zone de DST du cap Finisterre
(Dispositif de Séparation de Trafic), Erwan au coude à coude avec Yoann
Richomme, Gildas Morvan et Fabien Delahaye, privilégie le compromis
performance/sécurité, plutôt que la sécurité à tout prix. Sa stratégie d'un
léger décalage à l'ouest pour rester dans la grosse brise et gagner en vitesse
est la bonne. Sous spi lourd au largue serré, il creuse alors l'écart et met 30
milles de distance à ses poursuivants. Dès lors, l'avance est prise, il
devient leader des partisans de l'est le 23 mars à la latitude de Gibraltar, et
attrape la tête du classement général le 28 mars… pour ne plus jamais la
lâcher. Une double fierté pour Erwan : celle d'avoir mené sa course
consciencieusement et brillamment, et celle d'avoir vaincu les alizés, une partie
de la course, qui jusque là, ne lui réussissait pas. Une victoire somme toute
logique pour ce Figariste de haute voltige, et une victoire tellement méritée…
Les premiers mots
d'Erwan Tabarly à son arrivée :
« Depuis le temps que je
ne passais pas très loin, je suis vraiment content de dérocher enfin la
première place, c'est celle qui me manquait après des places de 2e et 3e. Cela
fait trois éditions que je me bats vraiment et d'y arriver c'est super. La
dernière nuit a été très dure, je n'ai pas pu dormir, on était au largue serré
sous spi, donc il fallait barrer. Il y avait encore 25 à 30 nœuds de vent, donc
je n'ai pas dormi, ça se voit sur les yeux…
On a eu des gros coups de
baston la première semaine, qui ont malheureusement écrémé la flotte, et j'ai
réussi à en sortir indemne en ménageant mes voiles, même si elles ont un peu
souffert. J'ai creusé l'écart après le première semaine et j'ai réussi à le
garder jusqu'au bout. Je suis super heureux. »
Transat Bretagne-Martinique