Thursday, 3 February 2011
TJV: Jour 10 - Banque Populaire V Stabiliser le Retard
Banque Populaire V. Image copyright BPCE.
par Viriginie Bouchet
Dix jours après leur départ de Ouessant, Pascal Bidégorry et ses hommes sont plongés au cœur des difficultés inhérentes aux tentatives de record autour du monde. Plus que jamais d'actualité, les effets néfastes de l'anticyclone de Sainte-Hélène sont là pour contrecarrer les plans et tardent à laisser le Maxi Banque Populaire V mettre le cap sur Bonne Espérance. Mais la dépression formée sur l'Uruguay commence à se faire sentir et devrait permettre au trimaran géant de retrouver ses ailes. De quoi allonger la foulée pour quelques heures, avant un retour annoncé à l'incertitude météorologique...
En ce dixième jour de course, le constat est implacable : le temps passe et ne joue pas en la faveur de Pascal Bidégorry et ses équipiers. Ainsi, l'inévitable contournement de la bulle a-t-il non seulement réduit l'avance sur le tableau de marche à néant, mais est allé creuser le déficit de milles. Interrogé sur la situation actuelle à l'occasion de la vacation vidéo du jour en direct de la Fédération Française de Voile, Pascal Bidégorry, au meilleur de sa forme, venait relativiser les choses : "Hier après midi encore, on n'avait aucun fichier qui nous donnait la réalité de ce qu'on avait sur l'eau. C'est dire la complexité de la stratégie qu'il faut avoir à bord. Avec les modèles de ce matin, on a un peu plus de visibilité pour les deux jours et demi à venir. Ca a l'air de concorder sur le fait qu'on va bientôt avoir du vent et repartir. Je pense donc que notre retard va se stabiliser autour de 450 milles et j'espère qu'on va pouvoir grignoter des petits milles dans les jours à venir. Je suis dans l'optique "régate". On essaie de tirer la quintessence du bateau et de la stratégie pour ne pas faire d'erreur, pour aller au bon endroit, ne pas perdre de temps... Après il ne faut pas se voiler la face, c'est la météo qui va décider".
La dure loi du tour du monde
Tombant à point nommé le changement de régime va donc à la fois permettre de sortir de cette phase délicate de transition, mais également donner au Maxi Banque Populaire V de quoi mettre de l'Est dans sa route. Profitant de vents de 25 nœuds, les quatorze marins du bord devraient, pour un temps, souffler un peu. Mais bien décidé à s'accrocher, l'anticyclone pourrait bien continuer à leur donner du fil à retordre dans les jours à venir. Sur ce point et la suite du chapitre de Bonne Espérance, Pascal Bidégorry ne cachait rien des interrogations du moment : "On a des centres anticycloniques qui se retrouvent autour des 42° 43°, c'est à dire les latitudes auxquelles on devrait naviguer. Ca pose un gros problème parce qu'on a des routages qui, hier, nous faisaient descendre jusqu'à 55°, ce qui nous cause un "léger" petit souci car il y a un rassemblement d'icebergs en approche du cap de Bonne Espérance, par 44°. C'est presque une île tellement il y en a en termes de densité. On rentre dans la dure loi du tour du monde".
Détermination collective
Dans ces conditions et face à la difficulté de prévoir un avenir à plus de 72 heures la plupart du temps, l'ambiance générale du bord devient un élément clé de la bonne marche du bateau et du bien être de chacun des quatorze marins. En la matière, les propos du skipper avaient tout pour traduire l'état d'esprit partagé par tous : "C'est facile d'être le chef d'orchestre de cet équipage. Il y a de la qualité, de la performance, tout ça dans une ambiance qui est très sympa. Tout le monde sait que sur le Trophée Jules Verne on est parfois en avance, parfois en retard. De toute façon, on se battra tous jusqu'à la ligne d'arrivée parce qu'on est tous déterminés à faire de notre mieux. Maintenant il faut que le vent nous aide un petit peu plus parce que par moment ça ne se joue pas à grand chose".
Un esprit d'équipe renforcé et une bienveillance les uns par rapport aux autres, Florent Chastel, équilibriste du bord et responsable médical insistait lui aussi sur ce point : "On profite de ces conditions plutôt maniables pour voir où en sont les tensions, les frottements. Je me suis fait un peu secouer avec la houle sur la première tentative d'ascension dans le mât. Je suis remonté deux heures plus tard et tout va bien, c'est rassurant. Du côté des hommes, on surveille tout ce qui est irritations de la peau, tous les petits boutons, parce qu'on va rentrer dans des zones où on va avoir souvent les cirés mouillés et où l'hygiène ne va pas être terrible. Les grandes douches au soleil dont on a pu profiter ces derniers jours ne vont plus être qu'un souvenir et une attente pour après le Cap Horn".
Record à battre
Pour devenir nouveau détenteur du record, le Maxi Banque Populaire V devra être de retour au plus tard le 11 mars 2011 à 19 heures 55 minutes 37 secondes (heure de Paris).
Temps de référence
Groupama 3 (Franck Cammas) : 48j 7h 44min 52s
Avance/Retard à 16h00
381,5 milles de retard par rapport au temps de référence
Banque Populaire V