Tour de Belle-Ile 2014. Image copyright Yvan Zedda
par Léa Launay
Disputée dans des conditions particulièrement soutenues, la septième édition du Tour de Belle-Ile aura encore été une très belle réussite avec un beau vainqueur, Alain Gautier, et des participants ravis d’avoir vécu une journée de navigation intense et un week-end convivial. Bilan avec les organisateurs, Aurélie et Romain Pilliard.
Ce Tour de Belle-Ile 2014 aura été particulier avec des conditions soutenues qui vous ont conduit à prendre des décisions importantes le samedi matin, quel bilan en faites-vous ?
Effectivement, nous nous sommes retrouvés dans une situation particulière avant le départ et nous avons dû prendre des décisions en fonction de l’état de la mer et du vent, mais je pense que nous avons bien anticipé, parce que les prévisions que nous avions étaient bonnes. Au final, nous avons clairement pris la meilleure décision possible, tôt le matin du départ, c’est-à-dire d’envoyer le maximum de bateaux sur l’eau mais pas tous - les petits bateaux qui n’étaient pas équipés en hauturier n’étaient pas prêts à affronter ces conditions, il était hors de question de prendre des risques - et de faire partir tout le monde sur le petit tour. C’était une décision sage que tout le monde a finalement bien comprise, nous sommes en outre satisfaits que chacun se soit montré responsable de son bateau, on a vu des skippers prendre de bonnes décisions individuelles en ne partant pas ou en rentrant au port parce qu’ils savaient que ce n’était pas un temps pour eux. Nous tenons aussi à remercier tous les équipages ‘non partants’ qui nous ont proposé un coup de main à terre et qui sont restés tout le week-end pour participer à cette grande fête. C’est aussi ça l’esprit du Tour de Belle-Ile.
Dans ces conditions, votre équipe de sécurité a-t-elle été davantage sollicitée ?
Pas tellement plus que les autres années. Des démâtages, petites avaries ou collisions, il y en a toujours un peu, quelles que soient les conditions, mais le dispositif de surveillance a bien fonctionné. Nous avons une équipe qui connaît bien son métier, deux personnes sont tombées à l’eau et ont tout de suite été récupérées, ce qui prouve que nous sommes autonomes, nous parons nous-mêmes aux incidents, nous sommes fiers de ça. Bien évidemment, la SNSM se tenait prête à intervenir si besoin. Nous tenons vraiment à féliciter notre équipe parce que cette année, c’était très physique avec une mer formée, la journée a été longue, les interventions difficiles, la mise en place des bouées aussi s’est avérée plus compliquée. Sans oublier le comité de course qui a passé la journée en mer en statique, ce n’était pas évident, donc un grand bravo à tous.
Finalement, les marins ont tous confié avoir pris beaucoup de plaisir sur ce Tour de Belle-Ile venté, preuve de sa réussite ?
Oui, dans des conditions comme ça, avec le front qui est passé le matin, il y a un côté « On part à la guerre », ce n’est pas facile de se mettre en route, de faire chauffer le diesel, mais finalement, cela a donné un moment de navigation intense. En plus, dans l’après-midi, le ciel s’est découvert, c’était le temps breton dans toute sa splendeur avec 25-30 nœuds de vent établi sous le soleil. Au final, ils ont tous en tête le bord de spi magique le long de la côte de Belle-Ile, des Poulains aux Galères en passant devant Sauzon et Palais, ils se sont tous réjouis de ces conditions. Et tous ceux qui ont fait le petit tour alors qu’ils devaient faire le grand ont été très contents, parce que le spectacle était encore plus impressionnant que d’habitude avec toute la flotte le long de Belle-Ile. Les concurrents ont bien compris que les conditions de mer à l’ouest de Belle-Ile étaient difficiles.
Autre satisfaction, le record d’inscrits (517). Certes, tous ne sont finalement pas partis, mais cela prouve que le succès du Tour de Belle-Ile ne se dément pas…
Oui, c’est important, nous cherchons à satisfaire tout le monde, sur l’eau et à terre, nous faisons le maximum en préparation et en organisation, et voir tant d’inscrits montre que le Tour de Belle-Ile attire toujours. Et ce n’est pas fini, nous invitons tous les plaisanciers à nous rejoindre car c’est un moment unique de prendre un départ magique au coeur de cette flotte. Il y en a pour tout le monde et pour tous les types de bateau, professionnels, acharnés de la régate et plaisanciers plus occasionnels. C’est un vrai bon moment de voile, un superbe spectacle, c’est le seul moment de l’année, la seule course qui permet ça.
Avez-vous accueilli beaucoup de monde sur le village cette année ?
Oui et cela nous tient particulièrement à cœur de pouvoir accueillir le maximum de monde dans un espace que nous voulons ouvert à tous. Nous proposons chaque année des animations nouvelles sous le chapiteau pour intéresser les visiteurs à la course et leur faire passer un bon moment : cette année, c’était un suivi de la course via Twitter, des photos et des vidéos sur les écrans, la possibilité de se prendre en photo, un vrai succès ! Nous invitons d’ailleurs les participants à venir en famille, cette année, beaucoup de personnes sont venues rejoindre leurs amis, leur famille et ont participé à la fête le samedi soir, c’était vraiment sympa.
Vous avez renouvelé pour la cinquième fois de suite l’opération Appel d’Air, comment cela s’est-il passé ?
Nous avons eu un peu moins de finances pour Appel d’Air cette année, parce que certains sponsors ont arrêté de nous suivre, ce sera un gros challenge pour l’année prochaine de continuer cette opération pour emmener ces enfants participer au Tour de Belle-Ile. La mairie de La Trinité-sur-Mer, sensible à l'opération, nous a aidé cette année pour l’accueil de ces six enfants suivis par l’hôpital Necker à Paris. Ils ont découvert la navigation le vendredi, et même pour certains le TGV ! Ils n’ont certes pas fini le Tour de Belle-Ile samedi, mais ils ont tous pris le départ, ils étaient très contents, ils ont vécu une vraie aventure loin de chez eux, de leur famille et de l’hôpital. Nous sommes très attachés à cette opération et nous allons tout faire pour qu’elle se poursuive.
Le Tour de Belle-Ile ne se ferait pas sans partenaires, comment vivent-ils l’épreuve ?
Nous recevons nos partenaires entre le vendredi et le dimanche. Cette année, nous en avons accueilli de nouveaux, comme Vuarnet et Lierac, dont la présidente en personne est venue remettre un prix. Elle a d’ailleurs participé activement au Tour de Belle-Ile. Certes, elle n’a pas pu régater, car le bateau France n’est finalement pas sorti à cause des conditions, mais elle est venue voir le départ sur un bateau accompagnateur et a vraiment apprécié l’ambiance et les valeurs dégagées par ce Tour de Belle-Ile. Le Président de Land Rover France, ainsi qu’Arthur De Soultrait, fondateur de Vicomte A., les équipes de La Réunion Aérienne et leurs clients étaient présents tout ce beau week-end. Leur retour a été très positif, je pense qu’ils ont tous vécu un moment assez exceptionnel.
Pour finir, parlons de l’édition 2015, qui aura lieu le samedi 9 mai, quelles sont vos perspectives de développement ?
Nous cherchons très clairement un partenaire majeur pour être un peu plus confortables sur l’organisation et nous aider à développer certaines choses, parce que le budget reste assez limité. Nous cherchons toujours à innover et pour cela, nous avons forcément besoin de moyens. Cette année, l’un des objectifs était notamment d’améliorer notre contact avec les participants car tous sont aussi importants à nos yeux. Nous avons donc mis en place un système d’information par SMS qui a bien fonctionné, ils ont reçu des alertes sur les heures du briefing, de l’apéro ou de la remise des prix, mais aussi sur l’avenant du samedi matin. L’année prochaine, le 8 mai étant férié, nous aurons encore un week-end de trois jours, nous attendrons donc beaucoup de monde, j’espère que les professionnels pourront se libérer dans leur emploi du temps, parce que le Tour de Belle-Ile, c’est aussi ce mélange entre amateurs et professionnels de la course au large. Nous sommes d’ailleurs ravis de la victoire d’Alain Gautier, qui nous est fidèle depuis plusieurs années.
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