Tuesday, 8 March 2011
Sodeb'O: Demain au Horn
Sodeb'O. Image copyright Yvan Zedda/Sea&Co.
par Sodeb'O Voile media
Attendu mardi matin aux pieds de l'imposante falaise du Cap Horn, Thomas termine en beauté sa traversée du Pacifique.
Avec 748 milles de retard ce soir à 18h15, Thomas s’apprête à remplir le contrat qu’il s’était fixé à l’entrée de l’océan Indien qui était de passer le Cap Horn avec moins de 1000 milles d’écart sur la référence de Francis Joyon. "C’est vrai que depuis deux jours, on a les conditions pour aller vite et depuis une dizaine d’heures, la mer du vent s’est alignée avec la houle ce qui permet d’atteindre des vitesses intéressantes, Sodebo déboule à 33/34 nœuds sur les vagues et on exploite à fond le potentiel du bateau avec ses foils. C’est sportif mais pas désagréable."
Le moment du Horn
Malgré ce retard qui fond comme neige au soleil, le skipper ne veut pas se laisser enfermer dans la comptabilité. Il se concentre sur ce qui prime, et là, c’est le virage du Horn que Sodebo devrait effectuer pas loin de Groupe Bel et Neutrogena, deux concurrents de la Barcelona World Race. "Rien est fait tant que tu n’es pas de l’autre côté. Tu peux encore faire beaucoup d’erreurs avant ce fichu caillou," prévient le marin de 42 ans qui croise par là pour la 8e fois* de sa carrière.
"C’est un moment attendu avec un contexte toujours différent qui clôture une tranche de vie, une expérience. Il n'y a pas que le premier Horn qui est beau, chacun a son histoire," poursuit-il avant d’en perdre son sérieux. "Mais sinon, vous allez à Brest, au Cap de la Chèvre et vous regardez les Tas de Pois. C’est tout aussi beau, pas besoin de venir jusqu’ici (rires) !" Il se rappelait aussi avec plaisir ce Horn passé il y a un an (le 4 mars) à bord de Groupama 3 durant le Trophée Jules Verne, un bon moment partagé avec Franck Cammas et la bande.
Le moment glacial
Depuis bientôt trois jours, Thomas a laissé les glaces et l’angoisse derrière lui. "Ces heures à proximité des icebergs ont été les plus délicates à gérer de ce parcours dans le Pacifique. Nous avons fait un grand détour et plus on investiguait avec CLS, plus il y en avait. Pour autant, j’ai pris la décision de rentrer un peu à l’intérieur de la zone à risques, c’était plus facile par rapport au vent mais forcément très angoissant. La moindre erreur est fatale. On entre dans la partie limite du jeu auquel on joue. Ce n’est pas très excitant mais c’était le passage obligé et grâce à mon équipe à terre, on a bien optimisé les choses."
Les moments de doutes
Forcément, lorsque on voit Thomas comme ça, limite blagueur avec une lucidité totale, nous sommes en droit de nous demander comment arrive-t-il à récupérer et comment garde-il sa détermination ? "A la caméra, on fait le malin, j’ai moi aussi craqué, eu des coups de moins bien et des doutes profonds sur le fait de pouvoir le faire et d’y arriver. Je ne suis pas un bloc de granit," lance-t-il. "En multicoque, la torture, c’est le manque de sommeil et si tu veux faire craquer quelqu’un, tu l’empêches de dormir. Avant et pendant la zone de glaces, j’ai très peu dormi et c’est ça qui joue sur le moral. Il y a deux ans, j’avais une autre carence, je ne mangeais pas assez, mais là, je me sens capable physiquement d’exploiter le bateau encore à fond. Sodebo est en super état, ce qui veut dire que l’on a bien préparé et géré les choses."
Ensuite, ce sera comme il dit "à nouveau le juge de paix de l’Atlantique". Là où Francis Joyon avait été un peu moins rapide, "là où le record se jouera."
*Thomas a déjà passé 7 fois le Cap Horn :
En 97, pendant le Jules Verne à bord de Sport-Elec avec Olivier de Kersauson
En 98 d’Est en Ouest avec Yves Parlier sur la Route de l’Or (New York-San Francisco) à bord d’Aquitaine Innovations
En 2000 en solitaire sur le Vendée Globe à bord de Sodebo
En 2002 en équipage sur la Volvo Ocean Race à bord de Djuice
En 2005, à nouveau en équipage à bord du maxi catamaran Doha 2006 durant l’Oryx Quest.
En 2008, seul à bord du Maxi-Trimaran Sodebo lors de sa 2e tentative de record autour du monde
En 2010 à bord de Groupama 3 avec l'équipage de Franck Cammas durant le Trophée Jules Verne
Temps référence de Francis Joyon au Cap Horn, le 25 décembre 2007 : 35 jours, 12 heures et 36 minutes
Sodeb'O Voile