Saturday, 2 October 2010
Les Voiles de Saint-Tropez: Return to Business
* Cambria has wings
* The spray of the Wally
* Classical and Modern together by the saltings
* Cambria a des ailes
* L’écume des Wally
* Classiques et Modernes de concert aux Salins
Image copyright Gilles Martin-Raget/www.martin-raget.com
by Maguelonne Turcat
Oubliées pour l'heure les amicales et inconséquentes outrances du jeudi, journée singulière au coeur des Voiles, quand les équipages rivalisent sur l'eau en duels personnalisés, et laissent éclater à terre une exubérance bon enfant. Le golfe, agité d'un petit clapot soulevé par le vent du large et que les étraves des très nombreux bateaux spectateurs creusaient davantage encore, retrouvait aujourd'hui le cours des compétitions interrompues. Brise du sud oblige, c'est cette fois vers Cavalaire que Georges Korhel et ses équipes de la direction de course envoyaient les yachts classiques, pour 22 milles théoriques de course sous un soleil indéfectiblement fidèle aux Voiles. A 15 heures, le coup de canon libérait les grands voiliers Modernes pour de longs bords travers au vent vers les Issambres, et une journée de sport et d’action à nulle autre pareille. D'assidus Wally décidaient quant à eux de partir à l'assaut du Lion de mer, avec départ comme à l'accoutumée depuis Pampelonne.
Tout sourit à Cambria
Avec un anticyclone Méditerranéen en voie de désintégration, les rivages Varois connaissait aujourd'hui quelques bribes d'instabilité qui allaient à la vérité s'imposer comme l'élément déterminant de la journée. Le vent orienté franchement sud en milieu de journée, s'il autorisait en fond de golfe les départs toujours et aussi inlassablement admirables des 10 groupes de voiliers classiques vers Cavalaire, décidait ensuite de mettre à l'épreuve la réactivité et la lucidité des navigateurs. Légères puis franches rotations à l'est, accélération en milieu de plan d'eau et brutale disparition à la côte, telles étaient les premiers signes d'un changement radical du secteur de vent à venir.
Après cet épisode tatillon, le vent se calait en effet au nord, éclaircissant les choix des tacticiens et navigateurs qui pouvaient enfin serrer le vent et débouler dans un flux établi vers le Portalet. Cambria, le grand cotre bermudien signé Fife (1928) oubliait un instant son adversaire préféré, l'autre cotre géant, aurique celui-ci Mariquita (Fife 1911) parti à la côte, pour se frayer un habile chemin au centre du golfe et aller vite chercher du vent frais au large des Salins. 25 nœuds, la limite de tolérance pour les grands Classiques était proche! Le grand cotre "déroulait" ensuite en souplesse, augmentant son avance avec chaque nouveau virement tactique. Dans son sillage, Mariquita limitait les dégâts, et les deux Moonbeam, IV et III se livraient un mano a mano qui plongeaient photographes et curieux dans le ravissement jusqu’à la ligne d’arrivée mouillée à La Moutte..
Vitesse, vitesse
Les Wally se lançaient de nouveau dans leur exercice favori, la vitesse à toutes les allures, tant leur longueur, leur forme de carène, et surtout la démesure de leurs plans de voilures, quels que soient les angles de vent, favorisent la recherche effrénée de la performance. Après quelques engagements dans les petits airs de la fin de matinée, ils montaient en puissance en trouvant vite de la pression au large, et déployaient alors tout l'éventail de leur magie, puissante carène poussant la vague et faisant jaillir l’écume, indifférent au clapot pour gagner rapidement dans l'est selon une hiérarchie à présent bien établie, l'immense Esense loin devant, suivi des indissociables Indio et Y3K, dont la rivalité trouvait en ce jour un arbitre de poids en Magic Carpet et son tacticien Marcel van Triest.
L'instabilité du vent sur la zone de départ en bordure du golfe des voiliers modernes retardait longtemps les procédures de départ et ce n'est que vers 15 heures que les grands yachts Modernes, Maxis et super maxis en tête, s'élançaient en prélude à la flotte des voiliers régis par la jauge IRC. Après un long bord de largue vers les Issambres, protos de course et rapides cruisers se jouaient des fluctuations du vent pour revenir avec de la pression vers le centre du golfe, après avoir brièvement mais spectaculairement croisé et mélangé leurs voiles avec celles des yachts classiques en route vers Cavalaire. Leopard 3 a de nouveau pris le meilleur sur Highlandfling et Ran. Plus incertaine la lutte en tête des IRC B, groupe où les italiens de Kora 4 et les marseillais de Kuujjuaq à Dimitri Deruelle et Ludovic de Saint Jean s'empoignent avec détermination pour la victoire finale. En IRC 3, même bagarre impitoyable entre les ténors du général, SayannMadrac, Geranium Killer et Glenn Ellen, les trois beaux 40 pieds IRC pour une fois libérés de la pression de Fastwave.
Prix "Série limitée" du Yacht de tradition
Les Voiles de Saint-Tropez font partie et pour les trois éditions à venir , des épreuves sélectionnées pour l'attribution du « Prix du Yacht de Tradition – Les Echos-Série Limitée ». Décerné pour la deuxième année consécutive, ce prix récompense un voilier qui met à l'honneur les valeurs de la belle plaisance, qualité du bateau, éthique, accueil.... Le bateau vainqueur est élu par un jury national à l'issue d'une sélection réalisée à l'occasion de régates et de rassemblements organisés en Atlantique et en Méditerranée.
Ce jury a choisi aujourd'hui 9 nominés, représentant trois catégories, inférieure à 15 mètres, de 15 à 23 mètres, et supérieure à 23 mètres. L'élection de samedi déterminera les trois yachts retenus, qui feront à nouveau l'objet d'un vote pour l'attribution du prix du Yacht de tradition de l'année. Le vainqueur sera révélé dimanche lors de la remise des prix des Voiles, et le prix sera officiellement remis le 3 décembre prochain à l'occasion du salon nautique de Paris. Les nominés du jour sont : catégorie inférieur à 15 mètres : Bonafide, Outlaw, Djinn. Catégorie de 15 à 23 mètres : Avel, Hasvornen, Partridge. Catégorie supérieure à 23 mètres : Cambria, Mariska, Altaïr. Pour la première édition, le Trophée est revenu à Moonbeam IV, côtre aurique de 34 mètres.
Saint-Tropez honorée par « La Belle Classe »
Le Yacht Club de Monaco organisait ce vendredi un cocktail « La Belle Classe », sur le port de Saint-Tropez, à bord de quatre yachts de tradition : Tuiga (1909), Mariquita (1911), Elena (réplique de 1911) et Shamrock V (1930). Propriétaires de yachts d’époque et classiques (« La Belle Classe Tradition ») ou de yachts de plus de 40 mètres (« La Belle Classe Superyachts »), « La Belle Classe » rassemble les propriétaires qui souhaitent faire évoluer le Yachting autour d’une Charte défendant des valeurs essentielles. Il a ainsi été décerné un Prix Spécial « La Belle Classe », à Monsieur le Maire de Saint-Tropez Jean-Pierre Tuveri, pour les actions entreprises par la Municipalité tropézienne dans le Yachting.
Ce cocktail fut également l’occasion de mettre à l’honneur Ed Kastelein, un véritable passionné qui n’a de cesse de diriger des projets de restauration (pas moins de 18 !), afin de faire revivre à l’identique des yachts de légende, tels que Thendara, Aile Blanche ou encore Zaca a te Moana, inspirée du célèbre Zaca (1929) d’Errol Flynn. Après avoir fait renaître en 2001 Westward (1910), en construisant Eleonora, sa copie conforme, Ed Kastelein, s’est attaqué à un nouveau défi : celui de faire revivre Atlantic (1903), la goélette légendaire, détentrice pendant soixante-quinze ans du record de traversée de l’Atlantique, sous le commandement de Charlie Barr.
Questions à... Roger Vickery, Président de International Brand Growers
Protéger et promouvoir l'héritage des Voiles de Saint Tropez
La Société Nautique de Saint-Tropez, opérateur technique historique des Voiles de Saint-Tropez, et la Ville de Saint-Tropez, propriétaire de la marque "les Voiles de Saint-Tropez", ont retenu de manière exclusive IBG, International Brand Growers, société conseil en gestion des marques basée à Londres, Montreux et Milan, pour développer et gérer les partenaires financiers des Voiles et de la ville de Saint-Tropez. IBG est spécialisé dans la gestion et le développement des marques, dans le luxe, le sport et plus récemment, les villes. "Nous assurons le développement de marques disposant déjà d'une forte histoire "explique Roger Vickery, Président d'IBG ; "La Société nautique de Saint-Tropez a construit l'histoire et l'image des Voiles sur une idée, sur une philosophie, sur une éthique. Le rôle d'IBG est de s'assurer que cette éthique est parfaitement respectée par tous les partenaires et sponsors de l'événement. IBG est là pour augmenter la visibilité de l'événement dans les années à venir, pour en consolider durablement l'assise financière, toute en respectant et maintenant "l'esprit des Voiles". Rigueur, engagements à long terme, et protection de l'image seront les éléments majeures des conditions d'admission des futurs sponsors.
Ils ont dit :
Christine Briand (A 31 Aida)
"Le groupe des IRC E est très dense et assez homogène en qualité. Je navigue avec équipage de néophytes très sympathiques qui met beaucoup de coeur à l'ouvrage. Nos résultats sont assez encourageants, compte tenu du peu d'expérience. Nous sommes 6ème au général et en constante progression. les gens ici naviguent différemment qu'en Atlantique, un peu moins agressif que sur un Spi Ouest France par exemple..."
Des yachts extraordinaires :
Il mène, et ce n'est guère une surprise, la flotte des "petits" auriques à Saint-Tropez ; Bonafide, le "sublime Sibbick" comme disent les spécialistes en faisant référence à son architecte Charles Sibbick, tient la dragée haute à des voiliers tout aussi légendaire, Nan of Fife, Oriole, Marigold, ou le nouveau venu aux Voiles, Kelpie. Entièrement remis à neuf par son propriétaire, l’Italien Guiseppe Giordano, au chantier naval Dell’Argentario en 2003 après trois années de restauration, ce plan de Charles Sibbick fut conçu selon la jauge 5 tonneaux Godinet pour J. Howard Taylor en 1899 : Bonafide remportait d’ailleurs la médaille d’or des voiliers de 3 à 10 tonneaux lors des Jeux Olympiques de Paris en 1900.
Le saviez-vous ? AFYT késako?
Fondée en 1994, sous l'égide du Yacht Club de France, l'Association Française des Yachts de Tradition a pour mission de réunir les propriétaires de yachts de tradition et, plus largement, tous les passionnés de la plaisance classique.
Elle vise à développer et à mettre à la disposition du plus grand nombre une information globale (registre, historique, fichiers des bateaux, etc...) et toutes informations sur le savoir-faire en matière de bateau classique (à voile ou à moteur).
Frédéric Berthoz, propriétaire du cotre bermudien Nagaïna préside aux destinées de l'AFYT. Il travaille à l'organisation du calendrier français, et se réjouit à l'occasion des Voiles de l'harmonisation des rendez vous de manche, d'Atlantique et de méditerranée. Ces voiliers dûment jaugés par l'AFYT, Yachts d'époques, marconis ou auriques, nés avant 1950, yachts classiques, construits entre 1950 et 1975 et esprit de tradition, lancés récemment mais d'après des plans d'époque... tous ces voiliers français dûment jaugés par l'AFYT pourront organiser leur saison selon un calendrier cohérent prenant en compte l'ensemble des rivages français.
Charles Sibbick, père de Bonafide
Charles Sibbick est né en 1849 sur l’île de Wight. Il fut entrepreneur dans le bâtiment durant près de vingt ans. Mais déjà, l’attrait de l’architecture navale se faisait sentir. Et c’est en 1888, à presque 40 ans, qu’il décida de se reconvertir et de fonder son propre chantier naval « Albert Yard » à Cowes. La voile sportive était à l’époque très en vogue et le chantier croula vite sous les commandes. Sibbick a dessiné plus de 300 bateaux en 24 ans de carrière avec l’aide de son équipe. Rien que dans l’année 1894, il a livré 15 yachts. On disait alors que chaque bateau livré portait la marque de la qualité avec à la clef des résultats sportifs exemplaires. Ceci a conduit le Prince Georges, Duc de York, séduit par les beaux bateaux du Solent, à lui passer commande en 1896.
Profession : gréeur ;
Gréeur, mateloteur... au delà de la puissance évocatrice des mots se cache un métier rare, apanage de temps révolus d’une certaine marine, et dont seuls quelques initiés sont aujourd’hui les dépositaires. Patrick Moreau est de cette race en voie de raréfaction. Patrick la ficelle, l’homme qui pense, qui vit, qui respire pour et par l’art de nouer, épisser et attacher bouts et cordages. D’un métier essentiel à la marine à voile, Patrick a tiré le rythme, le pouls de son existence. « Fort en gueule », ainsi qu’il aime à se définir, Moreau de Crozon et Morlaix est surtout un intarissable communicant qui s’amuse de l’admiration que lui vaut son expertise auprès des jeunes de 7 à 77 ans. Autodidacte, Patrick est en veille technologique permanente ; « Je suis toujours en recherche. Tout reste à inventer dans le matelotage et l’arrivée des nouvelles fibres, kevlar, vectran, PBO… participe à la multiplication des combinaisons et des solutions qui s’offrent aux gréeurs. » Accessible à tous, au cœur du Village des Voiles, Patrick Moreau est toute la semaine en démonstration…
LE yawl...
Le yawl est un voilier à deux mâts dont l'artimon (mât arrière) a l'emplanture en arrière de la mèche de safran. Autrement dit, l'implantation du mât d'artimon, de plus petite taille que le mât principal, se situe à l'extrême arrière du pont, derrière l'axe de rotation du safran (partie mobile immergée à l'arrière du bateau servant à le diriger et fautivement appelée gouvernail).L'artimon du yawl est appelé "Tapecul" il n'a pas, à proprement parler de fonction de propulsion, mais permet d'équilibrer les gréements auriques ou marconis. Le Gipsy Moth IV sur lequel Sir Francis Chichester boucla un tour du monde en solitaire en 1967 était un yawl. A ne pas confondre avec la yole, embarcation légère à l'aviron.
Le partenaire du jour : PARIS PREMIERE
Pour la deuxième année, les Voiles de Saint-Tropez seront à l’honneur sur la chaîne Paris Première, une association qui a trouvé un terrain d’accord sur une unité de vue et de philosophie entre l’événement et le média. Les Voiles seront donc annoncées dans un programme court présentant les « coups de cœur » culturels et sportifs de Paris Première, ainsi que par un « spécial Voiles de Saint-Tropez » de 13 minutes qui sera réalisé par une équipe de la rédaction sport de la chaîne et multi diffusé cet automne.
Météo du samedi 2 octobre
Le vent tourne à l’est, et soufflera à partir de la mi-journée de 8 à 11 nœuds.
Les Voiles de Saint-Tropez