Saturday, 25 June 2011
IMOCA : Un Mini Laboratoire à Bord du 60' Imoca Rivages
Rivages leaves Decision. Image copyright Philippe Schiller/www.myimage.ch
par Fanny Evenat
La phase de construction du 60 pieds Imoca de Bernard Stamm est désormais achevé, mais le projet RIVAGES continu et prend son élan vers le projet Océanographique que le Skipper et la Fondation de Famille Sandoz ont souhaité mettre en place. Développer l'idée, concevoir la mécanique, adapter le matériel, procéder à des teste... autant d'étapes que le projet RIVAGES franchi pas à pas. Lumière sur Océanopolis Brest :
RIVAGES et océanopolis Brest
Le projet RIVAGES est avant tout, et dans son ensemble, une histoire d'hommes, de passionnés et d'amitiés. Il en a été de même pour la naissance du partenariat avec Océanopolis.
Quand le navigateur Bernard Stamm décide d'inviter l'océanographie à bord de son bateau pour sa prochaine course en 2012, un ami lui présente Éric Hussenot, Directeur d'Océanopolis à Brest. Celui-ci réunit alors des scientifiques de la région et ensemble ils évoquent de nombreux projets, «nous avons décidé de travailler sur le premier mètre de la couche d'eau très riche en plancton, afin de transmettre de l'information en temps réel et surtout de comparer des informations en provenance des satellites», explique Eric Hussenot.
Depuis, les esprits phosphorent. « Comment récolter et analyser les échantillons sur un bateau comme celui-là, sans microscope ! Et sans que cela ne représente une trop grosse contrainte pour le navigateur dont le premier objectif est la performance sportive... ». Milles et une propositions affluent alors des esprits scientifiques. Mais, vite replacées par le skipper dans le contexte de compétition et d'objectif de victoire, les maîtres mots émergents de ces brainstorming sont : petit, léger et peu énergivore.
Boîtier n°1: température, salinité, turbidité, oxygène dissous. Image © RivaCom
Une des techniques envisagées consiste à installer des fluorimètres, dont les données sont comparables par la suite aux données de chlorophylle envoyées par les satellites. C'est d'autant plus intéressant que le bateau va vite et tourne autour du monde. Dans le même ordre d'idées, des données de températures et de salinité sont accessibles quasiment en temps réel.
Ainsi est né le MINI LAB
Océanopolis, soutenu par des équipes CNRS (Institut Universitaire Européen de la Mer, Division Technique de l'INSU) travaillent en étroite collaboration avec l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne pour développer un système de stations de mesures environnementales autonome à faible consommation d'énergie.
Des systèmes analogues existent déjà mais sont absolument incompatibles avec la course au large, vu leur poids, leur taille et leur consommation d'énergie. L'originalité du projet consiste à réduire au maximum les volumes et les poids, tout en conservant leur performance d'origine.
Ainsi, le Mini Lab est un ensemble de 3 boîtiers, alimenté par une pompe et capable de mesurer en temps réel des données océanographiques.
- Le premier boîtier regroupe un ensemble de 4 capteurs qui mesurent la température de l'eau, sa salinité, sa turbidité et son taux d'oxygène dissous.
- Le deuxième boîtier mesure la fluorescence, et permettra de caractériser la biodiversité du phytoplancton à l'échelle de la biosphère océanique.
- Le troisième boîtier mesure la pression partielle de CO2, ou PCO2, élément essentiel à la compréhension du changement climatique et en particulier du phénomène d'acidification des océans.
Boîtier n°2: fluorescence. Image © RivaCom
Les premiers résultats techniques
La première concrétisation de ce partenariat, entre scientifiques, ingénieurs associés à ce projet d'instrumentation scientifique et Océanopolis, a eu lieu le lundi 30 mai dernier avec les essais du Minilab dans les bassins d'Océanopolis.
Grâce au soutien des ingénieurs spécialisés en métrologie de la DT Insu et de l'IUEM, une première validation des équipements du Minilab a été réalisée dans les aquariums d'Océanopolis (tempéré, polaire et tropical), dans des conditions de température que rencontrera le bateau de Bernard Stamm lors de ses prochaines courses transocéaniques.
Pour Cédric Droguet, responsable technique à l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), les résultats sont encourageants et une intégration fonctionnelle du Minilab sur le bateau en course pourrait être envisagée d'ici la fin de l'année.
L'exploitation des résultats par les scientifiques
Dès que le système sera opérationnel, les données seront mises à disposition de l'Ifremer et des stations biologiques de Villefranche sur Mer et de Wimereux. Les résultats de ces données viendront intégrer des programmes internationaux concernant par exemple, l'acidification des océans. D'autres données permettront de caler les images satellitaires avec des données de terrain relevées dans des zones très peu fréquentées et très sensibles, que traversera le Vendée Globe.
La sensibilisation du public
En parallèle, de ce partenariat scientifique, Bernard Stamm, Océanopolis et la Fondation de Famille Sandoz vont élaborer et proposer, durant les trois années de compétition du bateau, des animations et des événements autour du projet RIVAGES à destination du grand public et des scolaires. En partant du plancton et de son rôle majeur dans les écosystèmes océaniques, les protagonistes du projet RIVAGES raconteront l'extraordinaire histoire naturelle des petits organismes marins.
Bernard Stamm