>> « Courrier Dunkerque » cinquième du prologue
>> Courses comptant au classement général dès demain samedi
M34 Courrieur Dunkerque. Image copyright JM Liot.
par Tanguy Blondel
Le Tour de France à la voile est de passage à la Communauté urbaine de Dunkerque pour la 25ème fois jusqu’au 26 juin. Les concurrents ont pris part, ce jour, à un prologue sur le plan d’eau des bancs de Flandre face à la digue de Malo-les-Bains. « Courrier Dunkerque » termine cinquième de cette manche non officielle. Pendant ce temps-là, le village du Tour a accueilli de nombreux badauds et écoliers autour de baptêmes à la voile, présentation de maquettes et d’une exposition photographique retraçant cet anniversaire. Souvenirs, souvenirs...
Bernard Decré, fondateur du Tour de France à la voile, organisateur du premier festival du film de la mer qui aura à partir du 30 juin à Dunkerque : « Je suis nantais. Tout comme Nantes, Dunkerque a subi un traumatisme fin des années 70 avec la fermeture de ses chantiers navals. Nous avons eu donc l’idée avec Jean-Louis Fabry, à l’époque président de l’UNCL de proposer à la ville de Dunkerque le départ du Tour de France à la voile. Nous avons été accueilli à bras ouvert par les dunkerquois. Nous étions heureux d’amener des animations aux dunkerquois avec déjà un village et évidemment une belle course sur vingt Ecumes de Mer que j’avais acheté. Les jeunes dunkerquois, même s’ils n’ont pas gagné le premier Tour de France, ont rapidement été bons. Je pense notamment à Bertrand Pacé dont son père Jean-Louis, pilote à Dunkerque, nous a beaucoup aidé pour l’organisation de ces premiers Tour de France à Dunkerque. Les dunkerquois ont parfaitement joué le jeu !
« Dunkerque est tout de même le port français au cœur de l’Europe et il a une grande légitimité à organiser des courses à la voile. Aujourd’hui, l’esprit du Tour de France a changé. A partir de l’arrivée du JOD 35 sur l’épreuve, la compétition est devenue professionnelle et plus une manifestation ouverte à la navigation pour les 7 à 77 ans. Son avenir est définitivement de devenir un championnat du Monde de la course au large, une sorte d’Admiral’s Cup. Avec le passage de la Coupe de l’América en multicoque, les fins barreurs vont revenir sur le Tour de France. Le monocoque reste la référence en matière de régate et de sensations à la barre ».
Philippe Bourgeois, vainqueur de la dernière semaine de Cowes, équipier sur les Tour de France à la Voile 1986, 1988 et 1992 à bord de « Ville de Dunkerque » : « Je suis arrivé au moment ou le Tour de France à la voile était un mixte entre amateurisme et haut niveau. Il y avait encore la fête sur les pontons notamment lors de nos étapes Anglaises mais on sentait déjà que certains équipages venaient vraiment pour gagner. Avec l’arrivée des Selection (voilier de 11 mètres), les bateaux étaient plus exigeants ».
Manfred Ramspacher, organisateur du Tour de France à la voile de 1997 à 2005, actuellement organisateur de la Normandy Channel Race et Normandy Sailing Week : « Le Tour de France à la voile est revenu à Dunkerque en 2002. Dans mon esprit, il fallait proposer aux marins un vrai Tour de France à la voile en partant du Nord de la France et puis il fallait une ville référence pour le départ. J’ai que de bons souvenirs de départ du Tour de France à Dunkerque. La qualité de l’accueil, la chaleur des dunkerquois… ne sont pas une légende ».
Jacques Dussart, président de « Dunkerque Plaisance », mémoire du départ du Tour de France à la voile à la Communauté urbaine de Dunkerque, armateur de « Courrier Dunkerque » : « En 1978, le départ du premier Tour de France à la voile à Dunkerque était une aventure totalement inattendue. Tous les dunkerquois on t rapidement adopté l’épreuve portée par Bernard Decré. C’était vraiment familial. Les parents suivaient leurs enfants – navigants par la route. Ce n’était pas la grande caravane de maintenant. Les équipages couchaient sous la tente et puis on passait le canal du Midi pour rejoindre la Méditerranée. Les parents prenaient le relai à ce moment de la manifestation. J’ai le souvenir d’une grande fête à chaque passage d’écluses. Attention crise de foi garantie ! A l’époque, je m’occupais, en tant que bénévole, des animations via le comité directeur du Yacht Club de la Mer du Nord.
« Je me rappelle vraiment bien des victoires en 1979, 1980 et 1981 du voilier « Ville de Dunkerque » mené par Damien Savatier, Joe Seeten, Bertrand Pacé... Ensuite, à travers « Dunkerque Plaisance » et après une longue interruption en tant que ville-départ, nous avons en 2002 décidé d’accueillir à nouveau la course. Dunkerque a une réelle légitimité comme point de départ du Tour de France. Nous sommes, tout de même, la première grande agglomération au Nord des côtes françaises ! Cet événement a toujours été important pour les différents élus de la Communauté à commencer par Michel Delebarre qui voit en le Tour de France à la voile une bonne occasion de lancer, fin juin, la saison balnéaire. Et puis enfin avec Géry Trentesaux puis Daniel Souben, nous avons démontré, ces dernières années, notre capacité à être performant dans la longueur (deux victoires sur le TFV en 2008 et 2009) et avec la Communauté urbaine de Dunkerque, notre dynamisme en matière d’accueil d’événement de cette ampleur ».
Joe Seeten, vainqueur du Tour de France à la voile 1979 à bord de « Ville de Dunkerque » : « J’ai un très bons souvenirs de notre victoire en 1979. Il y avait un sacré engouement populaire à Dunkerque. La voile n’était pas encore un sport reconnu comme aujourd’hui. Notre victoire et le départ du Tour de France à la voile à Dunkerque a été vécu comme un grand événement. La ville de Dunkerque avait déjà des talents d’organisateur. Je me rappelle que notre équipe avait remporté 100 arbres à planter comme prix ! Même si le Tour de France était surtout familial, nous étions plutôt bien préparés. On naviguait beaucoup à cette époque. Nous étions une belle équipe sur l’eau avec les Pascal Leys, Bertrand Pacé, Damien Savatier… Nous l’avons emporté en 1979 face à un équipage militaire marseillais alors que j’étais moi-même, jeune dunkerquois, en service militaire dans la cité phocéenne. J’ai fait plus de quinze Tour de France à la voile. Il a surtout pris un élan professionnel en 1988. Je naviguais avec l’équipe de la Coupe de l’América de Marc Pajot sur le TFV. Nous commencions à être payés pour faire la compétition ».
Géry Trentesaux, à l’origine de « Courrier Dunkerque », ancien skipper de « Ville de Wasquehal » : « Lors du premier départ du Tour de France à la voile, j’étais de passage à Dunkerque avec le voilier familial. J’allais faire Cowes-Dinard. La manifestation avait plutôt l’air d’une colonie de vacances ! C’est vraiment avec le Selection que le Tour de France a gagné ses lettres de noblesse. Cette épreuve est une course incroyable. Dunkerque avait, comme aujourd’hui, une véritable tradition maritime. En 1084 et 85, j’ai participé à la compétition sur ville de Séte avec Pierre Mas et Bertrand Pacé puis j’ai sponsorisé Jimmy Pahun avec « Sodifac Roubaix ». Enfin, avec Jacques Dussart, nous avons mis en place un projet professionnel avec Courrier Dunkerque en 2005 ».
Jimmy Pahun, skipper du voilier « Ile-de-France », vainqueur des Tour de France à la voile 1992 et 2006 : « Quand je pense à Dunkerque et le Tour de France à la voile, je pense surtout à une bande de copains : François Lamiot, Joe Seeten, Bertrand Pacé, Michel Duprez… et évidemment Jacques Dussart. Dès le début du Tour, les dunkerquois se sont imposés et puis maintenant avec Daniel Souben, ils ont imposé un changement radical de l’épreuve avec beaucoup de compétitivité. Je pense également à Madame Mine qui reçoit mon équipage francilien depuis 12 ans à Dunkerque. Elle représente, à mon avis, le dunkerquois et sa légendaire gentillesse. J’ai hâte d’être au départ du 25ème passage du TFV à Dunkerque avec notre nouveau bateau, le M34 ».
Daniel Souben, skipper – manager de « Courrier Dunkerque », double vainqueur du Tour de France à la voile : « Nous jouons à domicile à Dunkerque. Le départ du Tour de France à la voile à Dunkerque est le moment le plus important de notre saison. Nous montrons notre voilier à l’ensemble des habitants de la Communauté urbaine de Dunkerque et à nos partenaires. Sans être chauvin, c’est également la plus belle étape du Tour de France en termes d’accueil et d’organisation. Enfin, c’est le port le plus nord en France et je ne vois pas comment le Tour de France peut partir d’une autre ville ».
A retenir :
Les passages du Tour de France à Dunkerque : de 1978 à 1994, de 2002 à 2010
Le nombre d’équipages depuis 1978 : 860
Le nombre de voiliers différents : 7 avec L'Ecume de Mer (chantiers Mallard), Le First 30 (Chantiers Bénéteau), élu voilier de l'année en 1978
Le Rush Royale (Chantiers Jeanneau), Le Sélection Royale (Chantiers Jeanneau), Le JOD 35 (Chantiers Jeanneau), Le Mumm 30, renommé en 2008 le Farr 30 (Chantier Farr Yacht Design), Le M34, nouveau bateau 2011 (chantier Archambaud)
Le fondateur : Bernard Decré
Le Tour de France à la Voile ? : le TFV est une course nautique qui relie chaque année durant le mois de juillet la Mer du Nord à la Côte d'Azur, avec une douzaine d'étapes dans les stations balnéaires françaises. Une trentaine d'équipages s'affrontent sur un parcours où se succèdent parcours de ralliement entre les étapes et parcours « banane » (courtes régates où les concurrents doivent faire plusieurs fois le tour de bouées).
Une règle essentielle : le Tour de France à la Voile est que tous les équipages naviguent sur le même type de bateau (monotype), pour que la victoire ne se joue que sur la qualité de l'équipage.
Nombre de victoires des Dunkerquois : 5 avec Joe Seeten en 1979 puis Damien Savatier en 80 et 81 puis Daniel Souben en 2008 et 2009
Les stars du Tour de France à la voile de 1978 à aujourd’hui : Joe Seeten, Damien Savatier, Eugéne Riguidel, Marc Pajot, Thierry Peponnet, Bertrand Pacé, Jimmy Pahun, Isabelle Autissier, Catherine Chabaud, François Lamiot, Terry Hutchinson, Russell Coutts, Pierre-Loic Berthet, Daniel Souben
1978 Marseille François Pailloux
1979 Dunkerque Joé Setten
1980 Dunkerque Damien Savatier
1981 Dunkerque Damien Savatier
1982 Marseille Jean‐Paul Mouren
1983 Lanvéoc‐Navale Benoît Caignaert
1984 Europe Philippe Hanin, Dominique d’Andrimont, Eric d'Andrimont
1985 Côtes du Nord Yannick Dupetit
1986 Le Havre Benoît Caignaert
1987 Sète‐Languedoc‐Roussillon Pierre Mas et Bertrand Pacé
1988 Sète‐Languedoc‐Roussillon Pierre Mas et Bertrand Pacé
1989 Ronic Saône‐et‐Loire Richard Sautieux
1990 Wasquehal Hans Bousholte et Philippe Delhumeau
1991 La Ciotat Laurent Delage
1992 Sodifac‐Roubaix Jimmy Pahun et Jean‐Pierre Dick
1993 Saint‐Quentin‐en Yvelines Thierry Péponnet
1994 Saint‐Pierre et Miquelon Alain Fédensieu
1995 Baume&Mercier‐Force EDC‐Paris Bernard Mallaret et Vincent Portugal
1996 Edouard Leclerc‐ Région SCASO Vincent Fertin
1997 CSC ‐ Sun Microsystems Bertrand Pacé et Philipp Guigné
1998 Nantes&St‐Nazaire‐Bouygues Telecom Luc Pillot
1999 Kateie Luc Dewulf
2000 Barlo Plastics Adrian Stead
2001 Virbac‐St Raphaël‐Générali Jean‐Pierre Dick
2002 Nantes St Nazaire Pierre‐Loïc Bethet
2003 CapSport Xavier Lecoeur et Bernard Mallaret
2004 Bouygues Telecom Pierre‐Loïc Berthet
2005 TPM COYCHyères Fabien Henry
2006 Région Île de France Jean‐Pierre Nicol
2007 TPM COYCHyères Fabien Henry
2008 Courrier Dunkerque Daniel Souben
2009 Courrier Dunkerque Daniel Souben
2010 Nouvelle‐Calédonie Bertrand Pacé et Vincent Portugal
Courrier Dunkerque
Tour de France à la Voile
