Sunday, 27 February 2011
Sodeb'O: Frôlé la correctionnelle
Thomas Coville aboard Sodeb'O. Image copyright Yvan Zedda/Sea&Co.
par Sodeb'O Voile media
C'est en fin d'après midi que Sodebo a quitté l'Indien pour une traversée de l'Océan Pacifique jusqu'au fameux Cap Horn qu'il devrait atteindre dans une dizaine de jours.
Parti depuis presque un mois de Brest, Thomas qui a fait plus de la moitié du parcours, navigue actuellement sous la Nouvelle Zélande qui fait malheureusement parlé d’elle ces jours ci. Il avance sous gennaker medium et deux ris dans la grand’ voile avec un bon cap au 100 en moyenne.
Comme nous le résumait ce matin Thierry Douillard : "Le retard sur Idec est stabilisé depuis plusieurs jours, la perte sur le tronçon de l'océan Indien est de 10 heures, ce qui à la vue des conditions météo que Tom a rencontré est très honorable. Rappelons nous que Tom a fait plus de la moitié de l'Indien au près puis au près reaching dans des conditions de mer difficiles."
Pour revenir sur la journée d’hier, Tom est passé pas loin de la « correction totale » comme le disent les marins quand c’est la bérézina à bord. Et dans le cas d’un mec qui se trouve tout seul par 50 Sud sur un multicoque de 32 mètres, ça tient du miracle !
Quand le pilote lâche et que la libellule se met en travers de la route et part à l’abattée trois fois de suite sans rien casser, on peut se mettre à croire que là haut il y a un mec qui veille ! "Une grosse mer de 3/4 arrière et le pilote s'est fait prendre en bas de vague, ne réussit pas à pousser pour reloffer et c'est l’empannage... la totale... on n'imagine pas l'énergie qu'il faut pour tout remettre en ordre de marche," explique Thierry Douillard.
Et Tom de décrire : "Quand tu te retrouves de nuit avec sous le vent le gennaker à contre, la grand voile bloquée dans la bastaque face à la houle et le tout qui claque dans les rafales à 40 nœuds, tu te demandes comment tu vas gérer l'histoire sans tout casser et sans te faire mal. Tu choques la bastaque qui libère la grand voile, tu choques la rotation de mât et le cunninghan , puis tu choques le chariot tout en bas pour pouvoir repartir et abattre dans la houle qui te prend de travers au moment fatidique où tu passes l'angle de 90°. Le bateau repart alors à fond et il te faut stabiliser la vitesse, faire passer le gennaker sur la nouvelle amure, en le roulant ou en réussissant en jouant avec la barre à le faire passer devant l'étai de Solent mais c'est super risqué à cause de la fausse panne, tu reprends ton gennaker , tu remontes la grand voile dans l'axe et là, le mât toujours sous le vent, tu envoies pour repasser sur le bon bord en tentant de sauver ces sacré lattes. Et puis, il faut recommencer la manip inverse pour remettre le gennaker sur la bonne amure, reprendre tes réglages et tout ranger. Tu finis exténué et les yeux rivés sur le haut de la grand’ voile avec ta torche pour constater les dégâts. Les rafales étaient tellement violentes et imprévisibles que je n'ai jamais eu le temps de reprendre la barre à temps et le pilote en bas de vague n'a jamais réussi à repousser pour repartir du bon côté. Depuis plusieurs jours, j’ai un problème avec ce dernier qui ne répond pas bien dans cette houle croisée quand je suis au dessus de 25 nœuds. C'est mon seul ami, je ne lui parle pas beaucoup. Ca peut m'arriver parfois mais c’est rare."
Bien conscient que ses histoires sont bien loin des préoccupations d’une l’actualité dont il est gourmand quand il est à terre, le skipper regrette de ne pas avoir le temps de suivre les évènements qui bouleverse le monde arabe. Depuis 28 jours, le marin de Sodebo n’a pas chômé. Il descendu l’Atlantique Nord et Sud, il a tourné à gauche, traversé l’Indien dans des conditions viriles et entame le tour de l’Antarctique. Il a simplement fait la moitié du tour de la planète à des vitesses supersoniques.
Sodeb'O Voile