Monday 14 March 2011

Sodeb'O: Encore en Avance! Mais effet yo-yo jusqu'à l'équateur




Thomas Coville on board Sodeb'O. Image copyright B. Stichelbaut/Sea&Co.

A 19h (HF), Sodebo est à nouveau en avance sur Idec, position qu'il avait quittée dans la nuit du 3 au 4 février durant son 5e jour de mer en plein Pot au Noir pendant la descente de l'Atlantique

par Sodeb'O Voile media

"Avec aujourd'hui moins de 30 milles de retard sur le chrono de Francis Joyon, notre pari de continuer alors que nous avions jusqu'à 1300 milles de retard en entrant dans l'Indien, n'était peut-être pas aussi hérétique que ça, reconnait celui pour qui "mentalement, c'était un pari incroyable".

Malgré une étrave tribord meurtrie, Sodebo trace sur la carte une remarquable et rapide ligne droite le long des côtes du Brésil. Si le skipper solitaire comptabilise aujourd’hui moins de 30 milles de retard sur le chrono de Idec, il ne se laisse pas aller à l’euphorie. Il reste encore plus de 5000 milles et pour battre le chrono de Francis Joyon, Tom doit se présenter devant Ouessant avant lundi 28 mars à 1h40’34’’ (HF).

Devant Sodebo, la situation météo est complexe avec une dépression orageuse qui sort du Brésil et que Tom va devoir négocier d’une façon ou d’une autre sans savoir si elle va perturber ou non l’alizé qui doit l’accompagner jusqu’à l’Equateur. Or à ce jour, les différents fichiers météo ne sont pas du même avis. D’où une certaine prudence et "un effet yo-yo attendu avec le chrono de Francis," nous prévient Tom qui ne veut pas céder à l’emballement.

Après avoir contourné de façon magistrale l’anticyclone de Sainte Hélène, le skipper de Sodebo continue à faire marcher le bateau au quotidien "et ce n’est pas en allant dormir que tu manges des milles. Quand tu dors, tu perds des milles. Je n’ai pas dormi plus d’une heure d’affilée depuis des semaines. Une fois, j’ai fait un tout droit de trois heures et c’est Christian (Christian Dumard, l’un des routeurs de Sodebo) qui m’a réveillé en me téléphonant."


Sodeb'O at Cape Horn. Image copyright Boris Herrmann/Neutrogena.

Après 43 jours de mer en solo, la voix est lasse et concentrée. La remontée de l’Atlantique Sud paraît toujours interminable et terriblement tactique : "Quand on arrive dans ces eaux là après l’Indien et le Pacifique, on pense qu’il fait beau et chaud. Mais la pression n’est pas terminée. Les échanges thermiques sont terribles et cassent brutalement les systèmes météo."

Connaissant bien les pièges redoutables de cet Atlantique Sud qu’il remonte chaque année depuis trois ans, à peu près à la même période (sur Sodebo en 2009, sur Groupama en 2010, sur Sodebo en 2011) comme d’autres vont dévaler les pentes enneigées, Tom scrute tout ce qui se passe à droite, à gauche, devant et derrière lui.

Alors que les conditions étaient plutôt favorables – mer plate et 10 à 15 nœuds de vent -, et s’il a changé rapidement la pale manquante de l’éolienne qui lui fournit de l’énergie, s’il a travaillé sur le bateau avec une attention particulière pour le flotteur tribord dont l’étrave est meurtrie, il n’a surtout pas voulu prendre le temps de changer les deux lattes de grand voile qui se sont brisées dans un départ à l’abattée au milieu du Pacifique. : "Après le Cap Horn, tu as Sainte-Hélène en ligne de mire et nous savions que nous n’avions pas de temps à perdre pour passer dans un trou de souris entre deux dépressions."

Si Sodebo a effectivement été plus rapide que prévu sur ce tronçon du tour du monde, son skipper qui s’impose "une discipline et une exigence de tous les instants en restant vigilant sur tous les fronts," ne sait pas à quelle sauce il va être manger dans les 36 heures à venir notamment au niveau de la corne du Brésil, "un passage toujours délicat ! Dans deux jours, on en saura plus sur notre arrivée à l’équateur que nous pouvons envisager dans cinq ou six jours."

Navigant tribord amure (vent venant de la droite) et donc appuyé sur le flotteur bâbord qui est intact, Tom n’a pas changé sa façon de naviguer depuis cette malheureuse rencontre avec un globicéphale : "Quand je vais virer, je vais me retrouver en appui sur le flotteur endommagé. Si la crash box part, la fausse étrave doit assurer l’étanchéité du flotteur. Simplement, elle est ronde et n’a pas été conçue pour des performances hydrodynamiques optimales."

Sodeb'O Voile